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Le lendemain, avant notre départ, nous reçûmes nombre de visiteurs, appartenant tous à la haute société de Kioung-tcheou. Pendant que nous vivions dans nos missions, nous n’avions été, le plus souvent, en contact qu’avec les classes inférieures ; dans les campagnes avec les paysans, et dans les villes avec les artisans ; car, en Chine comme partout, c’est chez le peuple que le christianisme jette ses premières racines. Nous fûmes heureux de trouver cette occasion de pouvoir faire connaissance avec l’aristocratie de cette curieuse nation. Les Chinois bien élevés sont réellement aimables, et leur société n’est pas dépourvue de charmes. Leur politesse n’est pas fatigante et ennuyeuse comme on pourrait se l’imaginer ; elle a quelque chose d’exquis, de naturel même, et elle ne tombe dans l’afféterie que chez ceux qui ont la prétention de faire les élégants, sans avoir les usages du grand monde. La conversation des Chinois est quelquefois très-spirituelle ; les compliments outrés et les paroles louangeuses qu’on s’adresse mutuellement à tout propos agacent et fatiguent un peu tout d’abord, quand on n’y est pas habitué ; mais il y a dans tout cela tant de bonne grâce qu’on s’y fait aisément. Parmi ces visiteurs, il y avait surtout un groupe de jeunes gens qui nous émerveilla. Leur maintien était modeste sans contrainte. C’était un mélange de timidité et d’assurance qui s’harmonisait à ravir avec leur jeune âge. Ils parlaient peu, et seulement quand on les interrogeait. Pendant que les anciens avaient la parole, ils se contentaient de prendre part à la conversation par l’animation de leurs figures et de gracieux mouvements de tête. Les éventails maniés avec élégance et dextérité venaient en-