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outre, désigner quelques domestiques de sa maison pour faire le service. Les koung-kouan de la province du Ssetchouen sont renommés dans tout l’empire pour leur magnificence ; ils furent complétement renouvelés sous l’administration de Ki-chan, qui fut pendant plusieurs années gouverneur de la province, et dont tous les actes portent l’empreinte de son caractère plein de noblesse et de grandeur.

Nous fûmes d’abord un peu étonnés de nous trouver logés dans cette demeure seigneuriale, où on nous servit un splendide festin, et où nous ne rencontrions que des domestiques revêtus de magnifiques habits de soie. Nous causâmes beaucoup avec les mandarins de la ville, qui avaient eu la courtoisie de venir nous visiter. Le résultat de toutes ces conversations fut pour nous la conviction bien nette et bien précise que, depuis notre départ de Ta-tsien-lou, on devait nous faire loger tous les jours dans les koung-kouan ou palais communaux, et nous traiter en tout comme des mandarins de premier degré. En réglant ainsi les choses, Ki-chan avait probablement suivi d’abord l’impulsion de son caractère généreux, et puis, sans doute, par un orgueil patriotique bien légitime, il avait voulu donner à des étrangers une haute idée de la grandeur de son pays ; il avait voulu que nous pussions dire partout qu’en Chine on reçoit une belle et brillante hospitalité ; mais Ki-chan avait compté sans notre petit musulman. Celui-ci, qui ne se croyait probablement pas tenu à faire briller aux yeux de deux étrangers l’éclat de l’empire et de la dynastie mantchoue, spécula sordidement sur le programme de notre itinéraire. Il s’entendit avec l’estafette qui nous précédait