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niscences de nos anciens voyages au sein du Céleste Empire. Une odeur fortement musquée, et particulière à la Chine et aux Chinois, nous annonçait d’ailleurs, en nous pénétrant de toute part, que nous étions définitivement entrés dans l’empire du Milieu.

Ceux qui ont voyagé dans les pays étrangers ont dû facilement remarquer que tous les peuples ont une odeur qui leur est propre. Ainsi on distingue, sans peine, les nègres, les Malais, les Chinois, les Tartares, les Thibétains, les Indiens et les Arabes. Le pays même, le sol qu’habitent ces divers peuples répand aussi des exhalaisons analogues, et qu’on peut apprécier surtout le matin en parcourant les villes ou la campagne. Moins il y a de temps qu’on habite les pays étrangers, plus il est facile de faire attention à ces différences ; à la longue l’odorat s’y habitue et finit par ne plus les remarquer. Les Chinois trouvent également aux Européens une odeur spéciale, mais moins forte, disent-ils, et moins appréciable que celle des autres peuples avec lesquels ils sont en contact. Un fait bien remarquable, c’est que, en parcourant les diverses provinces de la Chine, jamais nous n’avons été reconnus par personne, excepté par les chiens qui aboyaient sans cesse après nous, et paraissaient s’apercevoir que nous étions étrangers. Nous avions tout l’extérieur d’un véritable Chinois, et l’extrême délicatesse de leur odorat était seule capable de les avertir que nous n’appartenions pas à la grande nation centrale.

Nous rencontrâmes sur notre route un grand nombre de monuments particuliers à la Chine, et qui suffiraient seuls pour distinguer ce pays de tous les autres.