Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

troisième ordre, le vent se mit à souffler avec une telle impétuosité que nos porteurs avaient toutes les peines du monde à retenir les palanquins sur leurs épaules, quand nous entrâmes dans la ville agitée par ce furieux ouragan, nous fûmes fort surpris de trouver les habitants vaquant à leurs occupations ordinaires, dans la plus grande tranquillité. Le chef de l’hôtellerie où nous mîmes pied à terre nous dit que c’était le temps ordinaire du pays. Nous consultâmes notre Itinéraire chinois, et nous y lûmes, en effet, les paroles suivantes : « A Tsing-khi-hien, les vents sont terribles ; tous les soirs il y a des tourbillons furieux qui s’élèvent tout à coup, font trembler les maisons et occasionnent un bruit effroyable, comme si tout s’écroulait ; cependant les habitants sont accoutumés à ce phénomène. » Il est probable que ces mouvements atmosphériques sont dus au voisinage du Fey-yué-ling et de ses grandes et nombreuses gorges.

Depuis notre départ de Ta-tsien-lou, nous avions voyagé assez tranquillement et sans trop exciter sur notre passage la curiosité des Chinois ; mais l’agitation commença à se faire aussitôt que nous eûmes gagné les grands centres de population. L’estafette qui nous précédait dans les diverses étapes, pour annoncer notre arrivée, ne manquait pas d’emboucher la trompette et de donner partout l’éveil. Les paysans interrompaient alors les travaux des champs, et couraient se poster sur les rebords des chemins pour nous voir passer. A l’entrée des villes surtout, les curieux débouchaient de tous côtés en si grand nombre que les palanquins ne pouvaient avancer qu’avec la plus grande difficulté. Les