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quèrent pas, mais nous étions bien déterminés à n’en admettre jamais aucune.

Parmi les habitants de Lou-ting-khiao, on retrouve encore un peu l’élément thibétain dans les mœurs, et surtout dans le costume. A mesure qu’on avance, le mélange disparaît insensiblement, et il ne reste bientôt plus que la pure race chinoise.

Nous quittâmes Lou-ting-khiao de grand matin, et nous franchîmes une haute montagne au sommet de laquelle on rencontre un immense plateau avec un beau lac d’une demi-lieue de largeur. Les sentiers qui conduisent à ce plateau sont si tortus et si difficiles que l’Itinéraire chinois[1] n’a pas cru pouvoir mieux les écrire qu’en disant : Ils ne sont commodes que pour les oiseaux. »

Le jour suivant, nous eûmes un très-peu gracieux souvenir de nos terribles ascensions dans le Thibet. Nous escaladâmes le Fey-yué-lin, « montagne gigantesque dont les rochers monstrueux s’élèvent presque perpendiculairement. Leurs pointes blessent la vue du voyageur. Pendant l’année entière, tout est couvert de neige et entouré de nuages jusqu’au pied de la montagne. Le chemin est affreux et passe par des rochers et des crevasses ; c’est une des routes les plus difficiles de toute la Chine ; on n’y trouve aucune place pour se reposer. » Cette description, que nous empruntons à l’Itinéraire chinois, est d’une parfaite exactitude. Nous retrouvâmes la neige sur cette fameuse montagne, et, en la retrouvant, il nous sembla

  1. Voir ce qui est dit de cet Itinéraire chinois dans les Souvenirs d’un voyage, t. II, p. 404.