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jours, vous ne vivez pas avec bonheur ? — Tu as raison, Wei-chan, lui répondîmes-nous, nous souffrons beaucoup ; nos forces sont épuisées. — Qui en douterait ? Quand on a de grandes fatigues le jour et point de repos la nuit, d’où viendraient les forces ? Voici l’époque où les rayons du soleil et les piqûres des moustiques sont redoutables ; il paraît pourtant qu’on pourrait se mettre à l’abri des uns et des autres. — Tu crois vraiment qu’il y aurait un moyen ? — Oui, et fort simple ; les moustiques eux-mêmes me l’ont indiqué. Ces insectes dorment le jour et voyagent la nuit. Il n’y a qu’à faire comme eux ; voilà le moyen de se mettre à l’abri du soleil et des moustiques… Cette idée nous parut excellente. — Bien trouvé ! dîmes-nous à notre domestique, tu es un homme de ressource, ton avis est plein de simplicité et de sagesse, et tu verras ce soir que nous essayerons de le mettre en pratique.

Quand Wei-chan eut cette soudaine et heureuse illumination, nous étions au moment le plus chaud de la journée, assis sous le vestibule de la petite pagode d’un village. Nous avions déjà parcouru la moitié de notre route et nous nous reposions un peu avant de continuer. Les paysans de l’endroit s’étaient empressés de nous apporter des provisions et de profiter de notre passage pour gagner quelques sapèques. Pendant que nous cherchions à éteindre le feu qui nous consumait, en avalant de grandes tasses de thé et en mâchant des morceaux de canne à sucre, nos mandarins se rafraîchissaient en fumant l’opium dans l’étroite cellule du bonze. Les soldats et les porteurs de palanquin, étendus sur le chemin, dormaient profondément au milieu de la