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chose de si terrible, de si surhumain, qu’ils finirent par s’imaginer avoir à combattre contre des êtres surnaturels. Comment avoir du courage dans une lutte semblable ? Incapables d’atteindre un ennemi qui les foudroyait tout à son aise, ils n’avaient qu’à se sauver ; et c’est ce qu’ils firent, selon nous, avec beaucoup de prudence et de sagesse. Le gouvernement seul était blâmable de pousser au combat des milliers d’hommes, sans armes, en quelque sorte, et sans moyens de défense ; c’était les envoyer à une mort certaine et inutile. Les troupes anglaises sont assurément pleines de valeur ; mais si un jour il arrivait, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’elles n’eussent, pour défendre leur pays contre une armée européenne, que les flèches et les arquebuses conquises sur les Chinois, elles seraient, nous en sommes convaincu, bientôt au bout de leur incomparable bravoure.

Il est probable qu’il serait possible de trouver en Chine tous les éléments nécessaires pour organiser l’armée la plus formidable qui ait jamais paru dans le monde. Les Chinois sont intelligents, ingénieux, d’un esprit prompt et plein de souplesse. Ils saisissent rapidement ce qu’on leur enseigne, et le gravent aisément dans leur mémoire. Ils sont, de plus, persévérants et d’une activité étonnante, quand ils veulent s’en donner la peine ; d’un caractère soumis et obéissant, respectueux envers l’autorité, on les verrait se plier sans effort à toutes les exigences de la discipline la plus sévère. Les Chinois possèdent, en outre, une qualité bien précieuse dans des hommes de guerre, et qu’on ne trouverait peut-être nulle part aussi développée que chez eux : c’est une incroyable facilité à supporter les privations