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cheliers et des docteurs es lettres. Les aspirants aux divers degrés de la hiérarchie militaire sont examinés sur certains livres de tactique, mais surtout sur leur habileté à tirer de l’arc, à monter à cheval, à soulever et à lancer des pierres énormes, à escalader les murailles, à faire des tours de force, et à exécuter grand nombre d’exercices gymnastiques inventés pour tromper et effrayer l’ennemi. La littérature n’est pas entièrement exclue de ces examens ; on exige des bacheliers qu’ils soient capables d’expliquer les livres classiques, et de faire une petite composition littéraire.

D’après tout ce que nous venons de dire, on peut se former une certaine idée de l’armée chinoise. Il n’existe pas, peut-être, dans le monde entier, de plus misérables troupes, ni de plus mal équipées, de plus indisciplinées, de plus insensibles à l’honneur, de plus ridicules, en un mot ; assez fortes pour écraser par le nombre des hordes du Turkestan ou des bandes de voleurs, elles ont prouvé, dans la dernière guerre contre les Anglais, qu’elles étaient incapables de résister à des soldats européens, même dans la proportion de cinquante contre un. Cette complète nullité de l’armée chinoise tient à plusieurs causes, dont les principales sont la longue paix dont l’empire jouit depuis plusieurs siècles, car les petites guerres qu’elle a eu à soutenir sont insuffisantes pour ranimer chez un peuple l’esprit guerrier, la politique de la dynastie mantchoue qui cherche à tenir les Chinois dans l’impuissance de secouer le joug, l’entêtement du gouvernement à ne vouloir admettre aucune réforme dans la tactique et les armes des temps anciens, enfin le discrédit qu’on cherche à répandre sur