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de guerre, de celles surtout qui naviguent dans l’intérieur de l’empire, sont très-variées. Il est à remarquer que, à quelques rares exceptions près, le fleuve Bleu a été, dans toutes les époques, le principal théâtre des batailles navales que les Chinois ont eu à soutenir. Elles étaient très-fréquentes dans le temps où l’empire était divisé en deux. Les noms que portent les jonques servent quelquefois à donner une idée de leur forme. Ainsi, par exemple, on distingue le Centipède, à cause de ses trois rangées de rames représentant les nombreuses pattes de ce hideux insecte ; le Bec d’épervier, dont les deux extrémités également recourbées et possédant chacune un gouvernail, lui permettent d’aller en avant et en arrière, sans virer de bord ; la Jonque à quatre roues, deux à la proue et deux à la poupe, que des hommes font aller en tournant une manivelle. Ces bâtiments à roues remontent à une très-haute antiquité, et il n’a manqué à ce peuple inventif que l’application de la puissance de la vapeur, pour avoir en entier la découverte de Fulton.

La bizarrerie des peintures vient encore le plus souvent ajouter à l’étrangeté des formes des jonques. On cherche à leur donner l’aspect d’un poisson, d’un reptile ou d’un oiseau. Ordinairement on voit à la proue deux yeux énormes, chargés, sans doute, d’épouvanter l’ennemi par l’atrocité de leur regard. Malgré toutes ces monstruosités, ce qui frappe encore le plus un étranger, c’est le désordre et la confusion qui règnent à l’intérieur. On rencontre souvent plusieurs ménages réunis, et il n’est pas rare de voir sur le pont des maisonnettes construites tout bonnement en maçonnerie. Les marins eu-