soldats sont habituellement sous les armes et qu’ils s’occupent avec assiduité de leur métier. Le gouvernement y veille avec soin, car l’empereur a grand intérêt à ce que ses troupes ne s’endorment pas dans l’inaction et conservent un peu de ce caractère guerrier qui leur a fait conquérir l’empire. On les traite, dit-on, avec beaucoup de sévérité ; les infractions et les négligences dans le service sont toujours rigoureusement punies, tandis que les troupes mongoles et chinoises sont abandonnées à elles-mêmes. Il est même probable que la dynastie régnante favorise, jusqu’à un certain point, l’ignorance et l’inactivité des Chinois et des Mongols, afin de maintenir les Mantchous dans leur état de supériorité, et de se réserver un facile moyen de défense en cas de révolte ou de sédition. Si les cinq cent mille soldats chinois étaient formés au maniement des armes et à la discipline militaire aussi bien que les Mantchous, il suffirait d’un instant pour expulser de la Chine la race conquérante[1].
La marine de l’empire chinois est de niveau avec son armée de terre ; elle se compose à peu près de trente mille marins distribués sur une quantité considérable de jonques de guerre. Ces bâtiments, très-élevés à la poupe et à la proue, d’une construction grossière et portant une voilure en nattes de bambou, manœuvrent très-difficilement ; incapables d’entreprendre des voyages de long cours, ils se contentent de parcourir les côtes et les grands fleuves, pour donner la chasse aux pirates qui paraissent fort peu les redouter. Les formes des jonques
- ↑ Nous avons cru ne devoir rien changer à nos appréciations, écrites avant l’insurrection chinoise.