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Pour nous, nous ne tenons nullement à assister à cette parade. Quand nous habitions le nord de l’empire, nous en avons bien assez vu. — Jusqu’ici nous n’y avons jamais été, dit notre catéchiste ; nous avons toujours pu nous en dispenser facilement ; mais on prétend que le nouvel inspecteur exige que tout le monde y soit. Ceux qui ne s’y rendront pas seront notés, puis condamnés à cinq cents coups de rotin et à une forte amende… Nous trouvâmes que cet inspecteur extraordinaire était, ea effet, un homme bien prodigieux, que d’exiger la présence de tout le monde à sa revue, sous peine d’être assommé et ruiné. — Il faudra donc, leur dîmes-nous, que nous allions aussi à la revue ? — Le Père spirituel pourra aller regarder, si bon lui semble ; mais, nous autres soldats de l’empereur, nous sommes tenus d’y assister. — Vous autres soldats ! nous écriâmes-nous, en contemplant de haut en bas nos deux chrétiens… Nous pensâmes qu’ils avaient peut-être voulu dire tout simplement qu’ils étaient sujets de l’empereur ; nous craignîmes de les avoir mal compris ; mais pas du tout, ils étaient soldats bien positivement, et depuis fort longtemps. Il y avait plus de deux ans que nous les connaissions, sans qu’il nous en fût jamais venu le plus petit soupçon, ce qui, nous devons en convenir, ne fait guère l’éloge de notre sagacité. Lorsqu’il y avait des corvées, des revues ou des exercices, ils étaient dans l’habitude de louer pour remplaçant le premier venu qui se trouvait à leur porte. Notre catéchiste nous avoua qu’il n’avait de sa vie touché un fusil, qu’il en avait peur, et qu’il ne se sentirait pas même la force de mettre le feu à un pétard.