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s’y faisaient publiquement. Sur la fin de la dernière dynastie chinoise, lorsque le P. Ricci et les premiers missionnaires jésuites recommencèrent les missions de la Chine, on ne voit pas qu’ils aient rencontre les mêmes difficultés qui existent aujourd’hui ; ils furent traités honorablement à la cour, et les premiers empereurs de la dynastie tartare ne firent que tolérer ce qui existait déjà.

Tout prouve donc que les Chinois n’ont pas toujours eu pour les étrangers une aussi grande répulsion qu’on se l’imagine. Plusieurs mandarins, avec lesquels nous avons eu occasion de parler de ce fait, et auxquels nous cherchions à faire comprendre combien la politique chinoise était antisociale et injurieuse pour les autres peuples, nous ont dit que jamais leur nation n’avait repoussé les étrangers, et que les mesures sévères qu’on prenait actuellement contre eux ne dataient que de l’époque du changement de dynastie.

Il est évident que les Mantchous, à la vue de leur petit nombre au milieu de cet immense empire, ont dû prendre tous les moyens imaginables pour conserver leur conquête. De peur que les étrangers n’eussent envie d’une proie si facile à leur être enlevée, ils ont fermé soigneusement toutes les portes de la Chine, croyant se mettre ainsi à l’abri de toutes les tentatives ambitieuses venues du dehors ; à l’intérieur ils ont cherché à tenir leurs ennemis divisés par le système de la succession rapide et continuelle des emplois. Ces deux moyens ont été, jusqu’à ce jour, couronnés de succès, et c’est même un fait vraiment prodigieux, et peut-être pas assez remarqué, qu’une poignée de nomades ait pu exercer, pendant plus de deux cents ans, une domination paisible et absolue