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digues le long des fleuves, etc. Aujourd’hui, non-seulement on ne fait rien de semblable, mais on laisse encore tomber en ruine les ouvrages des dynasties antérieures.

L’homme, surtout quand il n’est pas chrétien, se dépouille rarement de son amour-propre ; il aime à jouir du fruit de ses peines et de ses travaux ; s’il jette les fondements d’un édifice, il espère en voir le couronnement. A quoi bon, se dit un mandarin de passage, entreprendre ce que je n’aurai pas le temps de terminer ? à quoi bon semer pour qu’un autre vienne recueillir la moisson ?… Et avec cela les intérêts moraux et matériels des populations sont abandonnés. Il y aurait bien, nous n’en doutons pas, des gouverneurs de province, des préfets de ville, capables d’opérer des réformes utiles, de créer des institutions, d’exécuter des travaux souvent nécessaires, mais, considérant qu’ils ne sont là que pour quelques jours, ils n’ont pas le courage de mettre la main à l’œuvre ; les pensées d’égoïsme et d’intérêt prive prennent facilement le dessus ; alors ils s’occupent exclusivement de leurs affaires, réservant le bien public pour leurs successeurs qui ne manquent jamais, à leur tour, de le laisser à ceux qui viendront après eux.

Ce système établi, comme on le prétendait, dans le but de soustraire les mandarins aux influences de leurs parents et de leurs amis, et de rendre ainsi l’administration plus libre et plus indépendante, a eu encore, malheureusement, un résultat tout opposé. Les fonctionnaires se succèdent si vite dans les diverses localités, qu’ils ne sont jamais au courant des affaires du lieu soumis à leur juridiction ; le plus souvent même, ils se trouvent jetés au milieu de populations dont ils ne com-