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pereur chargea l’interprète de me demander pourquoi je versais des larmes ; je répondis : Voilà notre prophète, notre seigneur et mon cousin, sur lui soit la paix ! — L’empereur répondit : Tu as dit vrai, lui et son peuple ont élevé le plus glorieux des empires ; seulement il n’a pu voir de ses yeux l’édifice qu’il avait fondé, l’édifice n’a été vu que de ceux qui sont venus après lui. — Je vis un grand nombre d’autres figures de prophètes dont quelques-unes nous faisaient signe de la main droite, réunissant le pouce et l’index, comme si, en faisant ce mouvement, elles voulaient attester quelque vérité. Certaines figures étaient représentées debout sur leurs pieds, faisant signe avec leur doigt vers le ciel. Il y avait encore d’autres figures ; l’interprète me dit que ces figures représentaient les prophètes de la Chine et de l’Inde.

« Ensuite l’empereur m’interrogea au sujet des califes et de leur costume, ainsi que sur un grand nombre de questions de religion, de mœurs et d’usages, suivant qu’elles se trouvaient à ma portée ; puis il ajouta : Quel est, dans votre opinion, l’âge du monde ? — Je répondis « On ne s’accorde pas à cet égard. Les uns disent qu’il a six mille ans, d’autres moins, d’autres plus ; mais la différence n’est pas grande. — Là-dessus l’empereur se mit à rire de toutes ses forces. Le vizir, qui était debout auprès de lui, témoigna aussi qu’il n’était pas de mon avis. L’empereur me dit : Je ne présume pas que votre prophète ait dit cela. — Là-dessus, la langue me tourna, et je répondis : Si, il l’a dit. — Aussitôt je vis quelques signes d’improbation sur sa figure ; il chargea l’interprète de me