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ils doivent être continuellement altérés, et cela explique leur usage de boire de grandes rasades de thé à toutes les heures de la journée.

Depuis la dernière guerre avec les Anglais, le gouvernement a établi grand nombre de douanes sur la ligne que doivent suivre les marchandises européennes pour pénétrer dans l’intérieur de l’empire. Les Chinois, se voyant forcés de subir le commerce anglais qu’on leur impose à coups de canon, n’ont pu trouver d’autre moyen de s’opposer à cet envahissement que celui des douanes et des impôts onéreux établis sur les produits étrangers, dont les prix s’élèvent considérablement à mesure qu’ils avancent dans l’intérieur des provinces ; trop faibles pour repousser la force par la force, pour dire aux Anglais : Nous ne voulons pas de vos marchandises, c’est le seul expédient qu’ils aient pour sauvegarder les intérêts de leur industrie.

Nous arrivâmes de bonne heure à I-tou-hien, ville de troisième ordre, où nous fûmes reçus dans un charmant palais communal par un mandarin encore plus charmant que le local qu’il nous offrait. Le premier magistrat de I-tou-hien est bien, sans contredit, le personnage le plus accompli que nous ayons rencontré parmi les fonctionnaires chinois. C’était un tout jeune homme, un peu fluet, d’une figure pâle et exténuée par l’étude ; il n’était, pour ainsi dire, encore qu’un enfant lorsqu’il obtint à Péking le grade de docteur ; sa physionomie douce et spirituelle était agréablement relevée par des lunettes d’or fabriquées en Europe ; sa conversation, pleine de modestie, de bon sens et de finesse, avait quelque chose de ravissant ; ses manières