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occuper des fanfaronnades des mandarins de I-tchang-fou. Le conciliabule n’eut garde de se former de nouveau, et, aussitôt après notre départ, chacun s’en retourna chez soi.

Dans la matinée, le préfet se hâta de venir nous exprimer ses regrets de la fâcheuse aventure qui nous était arrivée pendant la nuit. Il nous assura que le mandarin dont les propos nous avaient blessés avait la langue mauvaise, mais le cœur bon ; que, du reste, on était plein de bonnes dispositions à notre égard. — Nous en sommes bien convaincus, lui répondîmes-nous ; cependant il y a eu, cette nuit, grand scandale, tous les domestiques de la maison en ont été témoins ; la nouvelle en est probablement déjà répandue dans la ville. On doit savoir partout qu’un des officiers militaires de la ville s’est chargé de nous enchaîner. Dans cette conjoncture nous ne pensons pas qu’il soit de notre dignité de nous mettre aujourd’hui en route ; nous nous reposerons ici un jour. Nous ne voulons pas qu’on puisse penser que nous nous sommes hâtés de partir parce que nous avions peur. Pour notre honneur et pour le vôtre, il faut que tout le monde sache que nous avons été traités convenablement par les autorités de I-tchang-fou… Le préfet fut évidemment contrarié de nous entendre parler de la sorte ; cependant il parut comprendre assez bien la légitimité de nos motifs, et se résigna, sans objection, à la dure nécessité de nous garder encore dans son tribunal.

La journée sa passa en paix, d’une manière même assez agréable. Nous revîmes tous les mandarins avec lesquels nous avions fait connaissance pendant la nuit, à l’exception, toutefois, de l’antagoniste des troupes an-