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dans la cale, non pas de la boue, mais une cargaison considérable de sel… ; et le contrebandier n’était autre que le mandarin militaire embarqué pour nous protéger contre les pirates. L’affaire était grave : un embargo fut mis immédiatement sur le navire, et tout le monde se trouva compromis ; aussi tout le monde criait-il à la fois et de toutes ses forces, le patron, les matelots, les douaniers, nos mandarins et l’intrépide contrebandier à globule doré. Nous étions seuls pour écouter ; mais il n’était pas aisé de saisir le véritable sens de toutes ces vociférations. Il nous sembla comprendre, toutefois, que les matelots criaient contre leur patron, le patron contre le contrebandier, les douaniers et le contrebandier contre tous. Maître Ting était sublime de colère ; il courait de l’un à l’autre, gesticulant et braillant sans se mettre en peine qu’on l’écoutât ou qu’on fît même attention à lui.

Quand et comment cela devait-il finir ? C’est ce que nous cherchâmes à deviner, sans pouvoir y réussir. Pendant cet inconcevable tapage, le navire ne marchait pas : il était tard et nous n’arrivions pas au port, dont nous étions très-peu éloignés. Attendre que tout ce monde tombât d’accord, c’eût été évidemment trop long ; nous ne vîmes d’autre parti à prendre, pour sortir de là, que de nous jeter dans la mêlée. Nous saisîmes maître Ting, les douaniers et le contrebandier, et nous les poussâmes l’un après l’autre par une échelle jusque dans notre cabine. Aussitôt que nous fûmes en possession de nos personnages, nous leur défendîmes de souffler un mot au sujet de leur sel. Le bateau, leur dîmes-nous, a été loué uniquement pour nous conduire, nous, à I-tchang-fou. Voilà que nous éprouvons un long re-