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beaux morceaux de leur littérature. Ils n’ont qu’à prendre leur pipe et puis courir à l’aventure, et la tête en l’air, les rues de la première ville venue. Qu’on entre dans la plus pauvre maison du plus chétif village ; souvent le dénûment y sera complet, les choses les plus nécessaires à la vie y manqueront ; mais ou est toujours sûr d’y trouver quelques belles maximes écrites sur des bandes de papier rouge. Ainsi ces grands et larges caractères, qui effarouchent tant nos yeux, font les délices des Chinois, et, si réellement il y a de la difficulté à les apprendre, ils ont su trouver mille moyens pour les étudier comme en se jouant, et les graver sans effort dans leur mémoire.

L’étude du chinois a été longtemps regardée, en Europe, comme chose extrêmement difficile et presque impossible. Avec la conviction que les Chinois eux-mêmes ne pouvaient pas réussir à apprendre à lire, qui eût voulu s’engager dans des difficultés insurmontables pour les habitants du Céleste Empire ? Ce préjugé est enfin tombé maintenant ; les philologues sont persuadés que le chinois peut s’apprendre aussi aisément que les autres langues étrangères. M. Abel Rémusat est, peut-être, le premier qui se soit senti la force et le courage d’aborder franchement l’étude du chinois et de renverser les obstacles qui semblaient en défendre l’accès. Quand ce savant orientaliste a eu un peu aplani le terrain et démontré par son exemple qu’il était possible d’acquérir l’intelligence de la langue de Confucius, plusieurs savants sont entrés avec ardeur dans la route qu’il avait su tracer, et aujourd’hui on peut compter, en Europe, plusieurs sinologues distingués, à la tête desquels se