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Que serait-ce, si on leur parlait de la renommée et de la gloire qui peuvent environner un joueur de violon ou une danseuse ?… si on leur apprenait que l’un ne peut donner un coup d’archet, ni l’autre faire un saut quelque part, sans qu’aussitôt des milliers de gazettes volent en répandre la nouvelle dans tous les royaumes de l’Europe ? Les Chinois sont trop positifs, trop utilitaires, pour aimer les arts à notre façon. Chez eux, on est digne de l’admiration de ses semblables quand on remplit bien ses devoirs sociaux, et surtout quand on sait se tirer d’affaire mieux que les autres. On est homme d’esprit et d’intelligence, non pas parce qu’on se distingue dans l’art d’écrire, mais parce qu’on sait régler sa famille, faire fructifier ses terres, trafiquer avec habileté et réaliser de gros profits. Le génie pratique est le seul qui, à leurs yeux, ait quelque valeur.

Dans un chapitre précédent, nous avons essayé de donner une idée du système d’enseignement adopté en Chine ; pour compléter cet aperçu, puisque nous sommes au kao-pan, ou théâtre des examens, nous allons jeter un coup d’œil sur la langue et la littérature chinoises, dont on a généralement des notions assez inexactes.

« C’est un contraste piquant et singulier, a dit M. Abel Rémusat, que celui de la vive curiosité avec laquelle nous recherchons tout ce qui tient aux mœurs, aux croyances et au caractère des peuples orientaux, et de la profonde indifférence qui accueille, en Asie, nos lumières, nos institutions, et jusqu’aux chefs-d’œuvre de notre industrie. Il semble que nous ayons toujours besoin des autres, et que les Asiati-