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Aujourd’hui, comme nous l’avons déjà dit, le suffrage universel a été seulement conservé dans les communes, pour élire des maires qui portent le nom de ti-pao dans le midi, et sian-yo dans le nord.

Les examens littéraires sont en voie de décadence et de dégénération comme tout le reste. Ils n’ont plus ce caractère sérieux, grave et impartial, qui, sans doute, leur fut imprimé à l’époque où ils furent institués. La corruption qui, en Chine, s’est glissée partout sans rien épargner, a pénétré également et les examinateurs et les examinés. Le règlement qu’on doit suivre dans les examens est d’une grande sévérité, dans le but d’éloigner toute espèce de fraude et de découvrir le véritable mérite du candidat ; mais on est parvenu, moyennant finance, à rendre inutiles toutes ces précautions. Ainsi, quand on est riche, on peut connaître à l’avance les sujets désignés pour les diverses compositions, et, qui pis est, les suffrages des juges sont vendus au plus offrant.

Les étudiants qui ne sont pas de force suffisante pour subir les examens, et qui n’ont pu se procurer le programme des questions qu’ils auront à traiter, vont tout bonnement s’adresser, le salaire en main, à quelque gradué réduit à la misère. Celui-ci prend le nom du candidat, va subir l’examen à sa place et lui rapporte son diplôme. Cette industrie s’exerce presque publiquement, et les Chinois, dans leur langage pittoresque, ont donné à cette race de lettrés le nom de bacheliers en croupe.

Le nombre des bacheliers est très-considérable ; mais, faute de ressources, soit pécuniaires, soit intellectuelles, il en est très-peu qui puissent parvenir aux