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gens de peine mourraient de faim. L’eau de ces puits est très-saumâtre ; elle donne à l’évaporation un cinquième et plus, quelquefois un quart de sel. Ce sel est très-acre ; il contient beaucoup de nitre, quelquefois il attaque tellement le gosier, que cela devient une maladie ; alors il faut se servir de sel de mer venu de Canton ou du Tonquin.

« L’air qui sort de ces puits est très-inflammable. Si l’on présentait une torche à la bouche d’un puits, quand le tube plein d’eau est près d’arriver, il s’enflammerait en une grande gerbe de feu, de vingt à trente pieds de haut, et brûlerait le hangar avec la rapidité et l’explosion de la foudre. Cela arrive quelquefois par l’imprudence ou la malice d’un ouvrier, qui veut se suicider en compagnie. Il est de ces puits dont on ne retire point de sel, mais seulement du feu ; on les appelle ho-tsing (puits de feu). En voici la description : Un petit tube en bambou (ce feu ne le brûle pas) ferme l’embouchure des puits, et conduit l’air inflammable où l’on veut ; on l’allume avec une bougie, et il brûle continuellement. La flamme est bleuâtre, ayant trois ou quatre pouces de haut et un pouce de diamètre. Ici ce feu est trop petit pour cuire le sel ; les grands puits de feu sont à Tse-liou-tsing, à quarante lieues d’ici.

« Pour évaporer l’eau et cuire le sel, on se sert d’une grande cuve en fonte, qui a cinq pieds de diamètre sur quatre pouces seulement de profondeur. (Les Chinois ont éprouvé qu’en présentant une plus grande surface au feu, l’évaporation est plus prompte et épargne le charbon.) Quelques autres marmites plus