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Chinois du midi, et moins rude que celle des habitants du nord. Ils ont la réputation d’être bons soldats, et c’est ordinairement parmi eux qu’on choisit le plus grand nombre des mandarins militaires. La province, du reste, se vante d’être en possession du génie guerrier et d’avoir donné naissance à un fameux général dont on a fait le dieu de la guerre. Ce Mars chinois est le célèbre Kouang-ti, dont le nom est si populaire dans tout le Céleste Empire. Il était originaire de la province du Ssetchouen, et vivait au troisième siècle de notre ère. Après de nombreuses et éclatantes victoires remportées sur les ennemis de l’empire, il fut tué avec son fils Kouang-ping, dont il avait fait son aide de camp. Les Chinois, qui n’ont pas manqué de fabriquer sur son compte une foule de légendes remplies d’extravagances, prétendent qu’il n’est pas mort réellement, mais qu’il monta aux cieux, où il prit place parmi les dieux, afin de présider aux destinées de la guerre. La dynastie tartare-mantchoue, en montant sur le trône impérial de la Chine, fit faire l’apothéose de Kouang-ti et le proclama solennellement esprit tutélaire de la dynastie. Le gouvernement lui a fait élever, dans toutes les provinces de l’empire, un grand nombre de temples, où on le représente ordinairement assis dans une attitude calme, mais pleine de fierté. Son fils Kouang-ping, armé de pied en cap, se tient debout à sa gauche, et, à sa droite, on voit son fidèle écuyer, appuyé sur une large épée, fronçant d’épais sourcils, ouvrant de grands yeux ronds barbouillés de sang, et ne demandant qu’à faire peur à ceux qui le regardent.

Le culte de Kouang-ti appartient à la religion offi-