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être consommés en dix ans. On y cultive un grand nombre de plantes textiles et tinctoriales, entre autres l’indigo herbacé, qui donne une belle couleur bleue, et une espèce de chanvre ou d’ortie dont on fait des toiles d’une extrême finesse. On rencontre sur les coteaux de belles plantations de thé ; les feuilles les plus délicates et de première qualité sont réservées pour les gourmets de la province ; ce qu’il y a de plus grossier est expédié par les caravanes aux habitants du Thibet et du Turkestan. C’est dans le Sse-tchouen que les pharmaciens de toutes les provinces de l’empire envoient annuellement leurs commis voyageurs s’approvisionner de plantes médicinales. Outre qu’on en recueille sur les montagnes une quantité très-considérable, elles ont, de plus, la réputation de posséder des vertus plus efficaces que celles des autres pays. Les racines de rhubarbe et les vessies de musc, qu’on apporte du Thibet, y sont l’objet d’un commerce très-important.

La richesse et la beauté du Sse-tchouen semblent avoir exercé une grande influence sur ses habitants ; ils ont généralement les manières plus distinguées que les Chinois des autres provinces. On remarque dans les grandes villes de l’ordre et une certaine propreté relative. L’aspect des villages mêmes et des fermes témoigne de l’aisance de ceux qui les habitent. On ne trouve pas dans le Sse-tchouen ces patois presque inintelligibles qu’on rencontre si fréquemment dans les autres provinces. A peu de chose près, le langage qu’on y parle a la même pureté que celui de Péking.

Les Sse-tchouennais sont d’un tempérament fort et robuste ; leur physionomie est plus mâle que celle des