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vres, même en état de putréfaction, et déterminer ainsi leurs divers genres de mort. Nous avions entendu beaucoup parler des procédés mis en usage par les magistrats dans ces circonstances ; on nous avait dit des choses si extraordinaires, que nous étions bien aises de prendre quelques renseignements à une bonne source. Le préfet n’eut pas le temps de satisfaire notre curiosité sur tous les points ; mais il nous promit de revenir dans la soirée, et d’apporter avec lui le livre intitulé Si-yuen, c’est-à-dire lavage de la fosse. C’est un ouvrage de médecine légale, très-renommé en Chine, et qui doit être entre les mains de tous les magistrats. Le préfet nous tint parole, et la soirée fut consacrée à examiner rapidement ce curieux livre de médecine légale. Les mandarins d’Ou-chan ne manquèrent pas de nous le commenter et de l’enrichir d’une foule d’anecdotes très-bizarres que nous ne rapporterons pas, parce qu’elles ne nous ont pas paru d’une authenticité suffisante.

Dans tous les siècles le gouvernement chinois s’est occupé avec sollicitude des moyens de constater les homicides et de les vérifier sur les cadavres. Après l’incendie et la destruction des bibliothèques par le fameux Tsing-che-hoang, le plus ancien ouvrage de médecine légale ne remonte pas avant la dynastie des Song, qui commença l’an 960 de notre ère. La dynastie mongole des Yuen, qui succéda à celle des Song, fit refondre l’ouvrage et l’augmenta d’une foule d’anciennes pratiques que la tradition avait conservées dans divers tribunaux de l’empire. Après la dynastie des Yuen, celle des Ming commanda des recherches, des