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qui, à notre arrivée, sortant pleins de colère de tous les recoins, se mirent à tourbillonner, à bourdonner, et à nous faire une guerre implacable ; il s’exhalait, d’ailleurs, de ce sombre réduit, une telle odeur de vétusté et de moisi, que la seule idée d’y passer la nuit suffisait pour nous soulever le cœur. On nous avait assuré que c’était la meilleure hôtellerie de Yao-tchang, et nous étions assez portés à le croire d’après l’aspect général de la localité. Il fallait donc se résigner, et nous en étions à tirer nos plans pour nous installer tant bien que mal, lorsque la fumée de la cuisine, après avoir grimpé lentement à travers les marches d’un noir et étroit escalier, se mit à envahir notre chambre d’honneur ; pour lors, il n’y eut plus moyen d’y tenir. L’âcreté de cette fumée nous dévorait les yeux ; nous descendîmes en pleurant, et nous allâmes vers maître Ting qui, déjà blotti dans un étroit réduit à côté de la cuisine, savourait avec passion les abrutissantes vapeurs de l’opium. Aussitôt qu’il nous aperçut, il souleva un peu la tête de dessus son oreiller de bambou pour nous demander si nous étions bien là-haut. — Très-mal, nous ne pouvons pas y rester ; cette chambre n’est pas faite pour loger des hommes, on y est suffoqué par la puanteur de l’air, dévoré par les moustiques et aveuglé par la fumée. — Ces trois choses sont, en effet, très-mauvaises, dit maître Ting en déposant sa pipe et en achevant de se soulever pour s’asseoir ; mais quel parti prendre ? Il n’y a pas ici de palais communal, et les autres auberges sont pires que celle-ci. Le cas me paraît difficile. — Non, pas très-difficile ; ce qu’il nous faut, à nous, c’est un air pur et un peu de fraîcheur. Nous