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filles d’Ève auraient-elles pu rester esclaves de l’Adam déchu, depuis que l’Ève réhabilitée, la nouvelle Mère des vivants, était devenue la Reine des anges ? Lorsque nous entrons dans ces chapelles de la Vierge, auxquelles la dévotion a donné une célébrité particulière, nous remarquons, avec un pieux intérêt, les ex-voto qu’y suspend la main d’une mère dont l’enfant a été guéri, ou celle du pauvre matelot sauvé du naufrage par la patronne des mariniers. Mais, aux yeux de la raison et de l’histoire, qui voient dans le culte de Marie comme un temple idéal que le catholicisme a construit pour tous les temps et pour tous les lieux, un ex-voto d’une signification plus haute, social, universel, y est attaché. L’homme avait fait peser un sceptre brutal sur la tête de sa compagne pendant quarante siècles ; il le déposa le jour où il s’agenouilla devant l’autel de Marie ; il l’y déposa avec reconnaissance ; car l’oppression de la femme était sa propre dégradation à lui-même ; il fut délivré de sa propre tyrannie. »

La réhabilitation des femmes s’opère, en Chine, avec lenteur, il est vrai, mais d’une manière frappante et efficace. D’abord on comprend que, dans les familles chrétiennes, la petite fille qui vient au monde ne peut pas être sacrifiée comme chez les païens. La religion est là qui veille à sa naissance, la prend avec amour dans ses bras et dit, en la montrant à ses parents : Voilà une enfant créée à l’image de Dieu et prédestinée comme vous à l’immortalité. Remerciez le Père céleste de vous l’avoir donnée, et que la Reine des anges soit sa patronne… Il n’est pas permis à la jeune fille chrétienne de croupir