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Petit endure les misères de la vie dans le pauvre pays de Leang-chan. — Es-tu chrétien ? — Moi, homme pécheur, j’ai obtenu la grâce de connaître et d’adorer le Seigneur du ciel. — Voilà une lettre ; la reconnais-tu ? par qui a-t-elle été écrite ? — Je la reconnais ; c’est le Tout Petit qui en a tracé les caractères peu gracieux avec son pinceau dépourvu d’habileté. — Examine ce paquet ; le reconnais-tu ? — Je le reconnais. — A qui as-tu adressé ce paquet et la lettre ? — Aux Pères spirituels du grand royaume de France. — Quel était ton but en nous envoyant ces objets ? — L’humble famille Tchao voulait témoigner aux Pères spirituels ses sentiments de piété filiale. — Comment cela se peut-il ? nous ne sommes pas connus de vous et nous ne vous avons jamais vus. — C’est vrai, mais ceux qui ont la même religion ne sont pas étrangers les uns aux autres ; ils ne font qu’une seule famille, et, quand des chrétiens se rencontrent, leurs cœurs se comprennent facilement. — Vous voyez, dîmes-nous au préfet, que cet homme comprend parfaitement notre langage ; il répond avec lucidité à toutes nos questions. Vous savez aussi, maintenant, que les chrétiens ne forment ensemble qu’une seule famille ; il est écrit dans vos livres et vous répétez souvent vous-mêmes que tous les hommes sont frères. Cela veut dire que tous les hommes ont une même origine ; qu’ils viennent du Nord ou du Midi, de l’Orient ou de l’Occident, ils sont tous issus du même père et de la même mère ; la racine est une, quoique les rejetons soient innombrables. Voilà ce qu’on doit entendre quand on dit que tous les hommes sont frères ; cela signifie encore qu’il n’y a qu’un seul souverain