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d’une nature molle, et que nous étions assurés de faire plier. Il nous importait donc de marcher résolument jusqu’au bout ; nous étions, d’ailleurs, bien aises de profiter d’une occasion un peu imposante pour relever, s’il était possible, le moral des chrétiens grandement abattu par toutes ces promesses illusoires de liberté religieuse. La conversation ayant pris très-peu de temps, nous nous trouvâmes vite à la fin du repas. On apporta le thé et les pipes, et, pour lors, il fallut bien renoncer au mutisme, car les occupations n’ayant plus le même degré d’activité et d’importance, il n’y avait plus de prétexte à garder le silence. On en vint immédiatement, et sans préambule, à ce dont tout le monde était préoccupé, c’est-à-dire à la question du jugement. Nous fûmes les premiers à prendre la parole. Nous pensons, dîmes nous, que tout est déjà préparé au tribunal pour le jugement qui doit avoir lieu ce soir ; l’heure a-t-elle été fixée ? — Oui, certainement, répondit maître Ting, tout se fera selon vos désirs. Le préfet s’en est chargé ; il est très-renommé pour son habileté à discuter les points les plus difficiles du droit. Tout ira bien ; vous pouvez être tranquilles. Seulement vous ne pourrez pas assister au jugement, les lois de l’empire s’y opposent ; mais peu importe. — Il importe, au contraire, beaucoup que nous y soyons ; tenez-vous bien pour averti que, si le jugement se fait sans nous, ça ne comptera pas. Après de longues et chaleureuses discussions, nous en fûmes toujours au même point. Les émissaires du tribunal allaient et venaient sans cesse, sans apporter jamais de solution. Cependant, comme nous n’avions nullement envie de passer la nuit à parlementer, nous