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montagnes ; mais les sentiments du cœur parcourent en un moment des distances infinies. Le jour et la nuit, nous penserons aux Pères spirituels.

« A Leang-chan, tous les Amis[1] de la religion se réuniront, afin d’adresser des prières au Seigneur du ciel, et de demander une paix inaltérable pour l’âme et pour le corps. Nous élevons vers vous quelques fruits du pays ; daignez abaisser votre main pour les recevoir. Cette petite offrande est celle de notre cœur.

« Ces caractères sont tracés par les hommes pécheurs et les femmes pécheresses de la famille Tchao. »

Le zélé mandarin militaire, confus de n’avoir découvert aucune trace de complot, tremblait de tous ses membres aux accents de notre colère factice. Le préfet de la ville arriva, avec tout son état-major, pour organiser la paix ; mais il s’y prit si mal, qu’il obtint un résultat précisément tout opposé à celui qu’il se promettait. Il eut la maladresse de nous annoncer, tout d’abord, qu’il venait de faire arrêter et mettre en prison le chef de la famille Tchao, comme étant le principe et la source de cette malencontreuse affaire. — Un jugement ! nous écriâmes-nous, il faut un jugement ! Si le chef de la famille Tchao a péché, qu’il soit puni selon les lois, pour l’exemple du peuple… Si le chef de la famille Tchao est innocent, alors c’est le mandarin militaire de Tchoung-king qui est coupable, et il doit être châtié. La paix a été troublée dans le palais communal ; nous qui voyageons sous la sauvegarde de l’empereur, nous avons été insultés par un

  1. Kiao-you, c’est ainsi que les chrétiens chinois se nomment entre eux.