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puisse troubler la bienséance et l’ordre des civilités. Dans les grandes chaleurs, le maître prend son éventail après que le thé est bu, et, le tenant avec les deux mains, il fait une inclination à la compagnie, en disant : Tsing-chen, je vous invite à vous servir de vos éventails… Chacun alors prend son éventail ; il serait impoli de ne pas en avoir avec soi, parce qu’on serait cause qu’aucun ne voudrait en faire usage.

« La conversation doit toujours commencer par des choses indifférentes, ou même insignifiantes ; et ce n’est pas là, sans doute, la condition du cérémonial la plus difficile à remplir. Communément les Chinois sont deux heures à dire des riens, et, vers la fin de la visite, ils exposent, en trois mots, l’affaire qui les amène. Le visiteur se lève le premier, et dit quelquefois : Il y a longtemps que je vous ennuie… De tous les compliments que se font les Chinois, celui-là, sans doute, est celui qui approche le plus souvent de la vérité.

« Avant de sortir de la salle on fait une révérence de la même manière qu’en arrivant. Le maître reconduit son hôte en se tenant à sa gauche, et un peu en arrière, et le suit jusqu’à son palanquin ou à son cheval ; avant de monter, l’étranger supplie le maître de le laisser, et de ne pas assister à une action qui n’est pas assez respectueuse ; mais l’autre se contente de se retourner à demi, comme pour ne pas le voir. Quand l’étranger est remonté à cheval ou que les porteurs ont soulevé les bâtons de son palanquin, il dit adieu, tsing-leao, et on lui rend cette courtoisie, qui est la dernière de toutes.