Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aiment à comparer le génie des peuples d’avoir l’interprétation exacte d’une conversation chinoise. Je crois utile de parler auparavant de quelques principes généraux sur les visites. Une matière de cette importance mérite bien d’être traitée méthodiquement.

« On se fait celer à la Chine comme en Europe, c’est-à-dire qu’on se dérobe à la foule des visiteurs, en leur envoyant dire qu’on n’est pas chez soi, sans se soucier de le leur faire croire. On ne craint pas même de se dire indisposé, accablé de travail, hors d’état de recevoir ; les domestiques sont chargés, dans ce cas, de prendre les billets de visite qu’on apporte et de demander les adresses, pour que leur maître puisse, dans l’espace de quelques jours, rendre les visites qu’il n’a pas reçues. Dans un roman chinois, trois lettrés sont ensemble à se divertir en buvant du vin chaud et en composant des vers ; on annonce un vieux mandarin intrigant et d’un commerce ennuyeux et désagréable. — Imbécile, dit le maître à son domestique, pourquoi ne lui as-tu pas dit que je n’y étais « pas ? — Je le lui ai assuré, répond le domestique, mais il a vu les palanquins de ces deux nobles visiteurs devant la porte, et il a connu par là que vous étiez ici… Le maître se lève, prend son bonnet de cérémonie, court avec un empressement forcé au-devant de cet hôte importun, et le comble de politesses affectueuses, sur lesquelles les deux autres lettrés, qui le détestent, renchérissent encore. On croirait à peine que cette scène, qui est peinte assez naïvement, se passe à 104 degrés du méridien de Paris.

« Celui qui veut rendre une visite doit, quelques