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de grandes urnes en porcelaine, des vases élégants où croissaient des fleurs et des arbustes affectant les formes les plus bizarres, tels étaient les ornements que nous rencontrâmes dans cette splendide demeure. Derrière la maison était un vaste jardin où l’industrie chinoise avait épuisé toutes ses ressources pour contrefaire l’indépendance de la nature et imiter ses jeux les plus capricieux. Il serait difficile de se former une idée exacte de ces créations curieuses, dont le goût s’est, depuis longtemps, répandu en Europe, et auxquelles on a donné mal à propos le nom de jardin anglais. Il existe un petit poëme chinois intitulé : Jardin de Sse-ma-kouang, dans lequel cet illustre historien et ce grand homme d’État du Céleste Empire s’est plu à décrire lui-même toutes les merveilles de sa demeure champêtre. Nous reproduirons avec plaisir ce délicieux fragment de la littérature chinoise qui nous fera connaître, en même temps, le caractère de son auteur, de ce fameux Sse-ma kouang qui joua un rôle si important, sous la dynastie des Song, dans une révolution sociale dont nous aurons occasion de parler plus tard.

« Que d’autres, dit Sse-ma-kouang[1], bâtissent des palais pour enfermer leurs chagrins et étaler leur vanité ! je me suis fait une solitude pour amuser mes loisirs et causer avec mes amis. Vingt arpents de terre ont suffi à mon dessein. Au milieu est une grande salle où j’ai rassemblé cinq mille volumes pour interroger la sagesse et converser avec l’antiquité. Du côté du midi on trouve un salon au milieu des eaux

  1. Sse-ma-kouang était premier ministre de l’empire vers la fin du onzième siècle, sous la dynastie des Song.