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ouvrîmes la porte et nous fûmes en présence d’une nombreuse et brillante réunion composée des principaux magistrats de la ville. Après avoir salué la compagnie avec le plus de solennité possible, nous remarquâmes au milieu de la salle une table où on avait déjà disposé les petits plats de dessert, prélude obligé des repas chinois. Sans autre explication, nous avançâmes un fauteuil et nous priâmes la compagnie de vouloir bien prendre place autour de la table. Notre aplomb parut occasionner un peu d’étonnement. Un gros mandarin, c’était le préfet de la ville, nous indiqua les places d’honneur et nous invita à nous y mettre, ce que nous fîmes immédiatement et sans tergiverser. Ce n’était pas très-modeste de notre part, ni parfaitement conforme aux rites chinois ; mais nous avions besoin, pour le moment, de prendre un peu d’empire sur notre entourage.

Les convives étaient nombreux ; on attaqua le dessert en silence, chacun se contentant d’échanger avec son voisin quelques formules de politesse, à voix basse et en secret. On nous considérait à la dérobée, comme pour saisir sur notre physionomie la nature des sentiments dont nous étions animés. L’embarras était général ; enfin, un jeune fonctionnaire civil, probablement le plus hardi de la troupe, s’aventura à sonder le terrain. — Hier, dit-il, la journée n’a pas été bonne ; la navigation sur le fleuve Bleu a dû être pénible ; mais aujourd’hui le temps est magnifique ; c’est dommage que vous n’ayez pu partir dans la matinée, vous seriez arrivés à Tchoung-king avant la nuit. Tchoung-king est le meilleur endroit de la province. — Certainement, répétèrent en chœur tous les autres, il n’est rien de comparable à