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il nous questionnait sur nos habitudes, nous ne pensions pas qu’il avait en vue de nous faire retrouver en Chine quelques-uns des agréments de notre patrie. Nous avons, en général, trouvé des sentiments plus nobles et plus élevés chez les Mantchous que chez les Chinois ; toujours plus de générosité et moins de fourberie. Au moment où les Tartares-Mantchous sont sur le point d’être chassés de la Chine, et où on les attaque si violemment dans tous les écrits qui parlent de l’insurrection chinoise, nous croyons devoir leur rendre ce témoignage inspiré par la sincérité et la justice.

Après une courte halte au palais communal, nous nous remîmes en route, et nous arrivâmes un peu avant la nuit à Kien-tcheou, ville de second ordre. Nous n’étions encore qu’à notre premier jour de marche, et déjà nous avions trouvé l’occasion de nous fâcher contre notre conducteur, le mandarin Ting ; nous eûmes bien garde de la laisser échapper. Chemin faisant, nous nous étions aperçus que les palanquins à notre usage n’étaient pas ceux qu’on nous avait montrés, avant notre départ, au tribunal du juge de paix, et qui étaient parfaitement à notre convenance. Maître Ting avait reçu l’argent nécessaire pour les acheter, mais il avait malheureusement succombé à la tentation d’en garder la moitié pour lui, et, avec le reste, de faire raccommoder et vernisser à neuf deux vieux palanquins étroits, disloqués, et si incommodes, que nous avions eu beaucoup à souffrir durant le peu de temps que nous y avions passé. Ce n’avait pas été assez pour maître Ting de spéculer sur les palanquins, il voulait gagner encore sur les porteurs. Selon qu’il avait été convenu, nos palanquins devaient être à