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tés, dites-vous ; oui, parce qu’il est périssable, et c’est pour cela qu’il vaut mieux s’occuper de l’âme, qui est immortelle et qui existe réellement, quoique nous ne puissions la voir… La vie présente est un tissu de misères….. Oui, sans doute ; et voilà précisément pourquoi il est raisonnable de songer à cette vie future qui n’aura pas de fin. Dites-moi, que penseriez-vous d’un voyageur qui, se trouvant dans une hôtellerie délabrée, ouverte à tous les vents et dépourvue des choses nécessaires à la vie, chercherait à s’y arranger de son mieux, sans songer à faire ses préparatifs de départ pour retourner au sein de sa famille ? Ce voyageur serait-il sage et raisonnable ? — Non, non, dit le docteur, ce n’est pas comme cela qu’il faut voyager. L’homme, cependant, doit savoir se borner et ne pas vouloir trop embrasser ; la prudence le défend. Pourquoi s’occuper de deux vies à la fois ? Si le voyageur ne doit pas se fixer dans l’hôtellerie, il ne peut pas non plus marcher sur deux routes en même temps. Quand on veut traverser une rivière, il ne faut pas avoir deux barques, et mettre un pied sur chacune ; on risquerait de tomber dans l’eau et de se noyer… Il nous fut impossible de tirer autre chose de notre docteur, excellent homme d’ailleurs, mais profondément Chinois. Nous aurons encore occasion de parler plus d’une fois de cet indifférentisme, maladie invétérée et chronique de la nation chinoise.

Le lecteur a peut-être oublié que nous étions partis de Tching-tou-fou, et que nous avions reçu, à la porte de la ville, une lettre de monseigneur le vicaire apostolique de la province du Sse-tchouen. C’est cette lettre qui nous a fourni l’occasion de jeter un coup d’œil sur