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pour y propager l’Évangile. On comprend que les résultats doivent laisser beaucoup à désirer. Il se fait bien par-ci par-là quelques conversions, le nombre des chrétiens augmente, mais si lentement, et avec tant de difficultés, qu’on ne sait vraiment que penser de l’avenir de la religion dans ces contrées. On compte à peu près actuellement huit cent mille chrétiens dans tout l’empire chinois ; qu’est-ce qu’un tel chiffre sur plus de trois cents millions d’habitants ? Ce succès est bien peu consolant, quand on réfléchit qu’il a fallu, pour l’obtenir, plusieurs siècles de prédication et les efforts incessants de nombreux missionnaires.

Il est naturel qu’on se demande à quoi peut tenir cette désolante stérilité. D’abord il est incontestable que, le gouvernement s’opposant à la propagation du christianisme dans l’empire, les Chinois, avec leur caractère timide et pusillanime, n’oseront pas braver les défenses des mandarins, affronter les persécutions, et s’écrier avec une sainte liberté : Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ! » Ils se retrancheront dans la prohibition de l’empereur, et tout sera dit. Mais ne pourrait-on pas amener l’empereur à proclamer franchement la liberté religieuse ? Nous ne le pensons pas. Ce n’est pas que le gouvernement chinois soit, de sa nature, intolérant et persécuteur ; il ne l’est pas le moins du monde. En matière de religion, il est d’une indifférence complète ; quoiqu’il admette, pour les fonctionnaires publics, un culte officiel qui se borne à quelques cérémonies extérieures, il est profondément sceptique, et laisse le peuple parfaitement libre d’avoir les idées religieuses qu’il lui plaira ; il l’invite même, de temps en