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autres de l’embrasser. Tel est le déplorable état où se trouve réduite une mission qui, depuis près de deux cents ans, nous a coûté tant de sueurs et de travaux. »

Ainsi cette prospérité, qui était venue avec la protection d’un empereur, disparut au premier mot de persécution de son successeur ; l’Église de Chine eut, sans doute, à enregistrer dans ses fastes de grands et beaux exemples de constance dans la foi ; mais de nombreuses et lamentables défections prouvèrent aussi que le christianisme n’avait pas jeté sur cette terre des racines plus profondes qu’aux siècles passés, et que les Chinois, d’ailleurs si tenaces, si inébranlables dans leurs anciens usages, avaient bien peu d’énergie et de fermeté en matière de religion.

A Young-tching, prince hostile au christianisme, succéda Kien-long, dont le règne long et brillant rappelle celui de Khang-hi. Les missionnaires reprirent du crédit à la cour, et l’œuvre de la propagation de l’Évangile se continua au milieu de perpétuelles vicissitudes, quelquefois tolérée, rarement protégée ouvertement, et souvent persécutée à outrance, surtout dans les provinces. Cependant le nombre des chrétiens augmentait toujours insensiblement, lorsque la suppression des ordres religieux et les commotions politiques en Europe, non-seulement arrêtèrent le développement des missions, mais firent craindre de voir le flambeau de la religion s’éteindre encore une fois dans l’extrême Orient. La mort enleva les anciens missionnaires, qui ne furent pas remplacés ; et les chrétiens, presque abandonnés à eux-mêmes, montrèrent une grande faiblesse, quand éclatèrent les