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Sur cet emplacement s’est élevée la ville de Macao, longtemps seul entrepôt de commerce des Européens avec le Céleste Empire. Aujourd’hui Macao n’est guère plus qu’un souvenir ; l’établissement anglais de Hong-kong lui a donné le coup mortel ; il ne lui reste de son antique prospérité que de belles maisons sans locataires, et dans quelques années peut-être, les navires européens, en passant devant la presqu’île où fut cette fière et riche colonie portugaise, ne verront plus qu’un rocher nu, désolé, tristement battu par les vagues, et où le pêcheur chinois viendra faire sécher ses noirs filets. Cependant les missionnaires aimeront encore à visiter ses ruines, car le nom de Macao sera toujours célèbre dans l’histoire de la propagation de la foi ; c’est là que, durant plusieurs siècles, se sont formés, comme dans un cénacle, ces apôtres nombreux qui s’en allaient ensuite évangéliser la Chine, le Japon, la Tartarie, la Corée, la Cochinchine et le Tonquin.

Pendant que les Portugais travaillaient à développer l’importance de leur colonie de Macao, saint François Xavier prêchait au Japon, où les marchands chinois de Ning-po se rendaient annuellement avec leurs grandes jonques de commerce. C’est d’eux apparemment qu’il apprenait ces particularités de la Chine qu’il écrivait en Europe sur la fin de sa vie. Ayant formé le projet de porter la foi dans ce vaste empire, il s’embarqua, et déjà il allait mettre le pied sur cette terre après laquelle il avait tant soupiré, lorsque la mort l’arrêta à Sancian, petite île peu éloignée des côtes de la Chine. Cependant d’autres hommes apostoliques recueillirent sa pensée, et, héritiers de son zèle pour la gloire de Dieu, s’élan-