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Dès que ces faits sont parvenus à la connaissance de l’Europe, on s’est hâté d’annoncer de toutes parts que la nation chinoise allait enfin se décider à embrasser le christianisme, et la Société biblique a cru devoir revendiquer aussitôt le mérite et la gloire de cette merveilleuse conversion. D’abord nous ne croyons nullement au prétendu christianisme des insurgés ; les sentiments religieux et mystiques qu’on trouve dans leurs manifestes ne nous ont jamais inspiré une grande confiance. En second lieu, il n’est nullement nécessaire d’avoir recours à la propagande protestante pour se rendre compte des idées plus ou moins chrétiennes qu’on a remarquées dans les proclamations des révolutionnaires chinois. Il existe dans toutes les provinces un nombre très-considérable de musulmans avec leur Koran et leurs mosquées. Il est présumable que ces musulmans, qui déjà plusieurs fois ont tenté de renverser la dynastie tartare, et se sont toujours distingués par une violente opposition au gouvernement, se seront jetés avec ardeur dans les rangs de l’insurrection. Plusieurs d’entre eux ont dû devenir généraux et s’immiscer dans les conseils de Tien-te ; dès lors il n’est pas surprenant de trouver dans les proclamations des insurgés le dogme de l’unité