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L’Église ne manqua pas de profiter de ces grands bouleversements pour travailler à son œuvre pacifique et sainte de la propagation de la foi. Du temps de Tchinggis-khan et de ses successeurs, des missionnaires furent envoyés en Tartarie et en Chine. Ils portaient avec eux des ornements d’église, des autels, des reliques, « pour veoir, dit Joinville, se ils pourraient attraire ces gens à notre créance. » Ils célébrèrent les cérémonies de la religion devant les princes tartares ; ceux-ci leur donnèrent asile dans leurs tentes, et permirent qu’on élevât des chapelles jusque dans l’enceinte de leur palais. Deux d’entre eux, Plan-Carpin et Rubruk, nous ont laissé des relations curieuses de leurs voyages. Plan-Carpin, envoyé, en 1246, vers le grand Khan des Tartares par le pape Innocent IV, traversa le Tanaïs et le Volga, passa au nord de la mer Caspienne, suivit les limites septentrionales des régions qui occupent le centre de l’Asie et se dirigea vers le pays des Mongols, où un petit-fils de Tchinggis-khan venait d’être proclamé souverain. Vers le même temps, le moine Rubruk, chargé par saint Louis d’une mission auprès des Tartares occidentaux, suivit à peu près la même route. A Khara-Khoroum, capitale des Mongols, il vit, non loin du palais du souverain, un édifice sur lequel était une petite croix. Alors, dit-il, je fus au comble de la joie, et supposant qu’il y avait là quelque chrétienté, j’entrai avec confiance, et je trouvai un autel orné magnifiquement. On voyait, sur des étoffes brodées d’or, les images du Sauveur, de la sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste, et de deux anges dont le corps et les vêtements étaient enrichis de pierres précieuses. Il y avait