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les lettrés se préoccupent beaucoup depuis quelque temps des peuples étrangers et cultivent avec succès la géographie. Souvent, dans nos voyages, nous avons eu occasion de rencontrer des mandarins qui avaient sur les choses de l’Europe des notions assez exactes. Ce sont ces savants qui donnent le ton à l’opinion et fixent le cours des idées, de sorte que le vulgaire peut parfaitement suivre l’impulsion d’une idée européenne, sans savoir même ce que c’est que l’Europe.

Un des aspects les plus remarquables de l’insurrection, c’est le caractère religieux que ses chefs ont voulu lui imprimer presque dès l’origine. Il n’est personne qui n’ait été frappé des doctrines nouvelles dont sont remplis les proclamations et les manifestes du prétendant et de ses généraux. L’unité de Dieu a été formulée nettement ; et puis, autour de ce dogme fondamental, sont venues se grouper une foule de notions empruntées de l’Ancien et du Nouveau Testament. On a déclaré la guerre presque en même temps et à l’idolâtrie et à la dynastie tartare ; car, après avoir battu les troupes impériales et renversé l’autorité des mandarins, les insurgés ne manquaient jamais de détruire les pagodes et de massacrer les bonzes.