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amour pour la vertu, semble avoir pour le vice plus de mépris que d’horreur ; il l’attaque par la force de la raison, et ne dédaigne pas même l’arme du ridicule. Sa manière d’argumenter se rapproche de cette ironie qu’on attribue à Socrate. Il ne conteste rien à ses adversaires ; mais, en leur accordant leurs principes, il s’attache à en tirer des conséquences absurdes qui les couvrent de confusion. Il ne ménage même pas les grands et les princes de son temps, qui souvent ne feignaient de le consulter que pour avoir occasion de vanter leur conduite, ou pour obtenir de lui les éloges qu’ils croyaient mériter. Rien de plus piquant que les réponses qu’il leur fait en ces occasions ; rien surtout de plus opposé à ce caractère servile et bas qu’un préjugé trop répandu prête aux Orientaux, et aux Chinois en particulier. Meng-tze ne ressemble en rien à Aristippe ; c’est plutôt à Diogène, mais avec plus de dignité et de décence. On est quelquefois tenté de blâmer sa vivacité, qui tient de l’aigreur ; mais on l’excuse en le voyant toujours inspiré par le zèle du bien public. »

Les enfants chinois apprennent dans les écoles les quatre livres classiques sans se préoccuper du sens et de la pensée de l’auteur ; s’ils y entendent quelque chose, ils le doivent uniquement à leur propre sagacité. Lorsqu’ils sont capables de les réciter imperturbablement d’un bout à l’autre, alors seulement le maître, appuyé sur d’innombrables commentaires, développe le texte mot à mot et donne les explications nécessaires. Les opinions philosophiques de Confucius et de Meng-tze sont exposées d’une manière plus ou moins superficielle, suivant la portée et l’âge des élèves.