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l’œuvre d’un vice-roi mécontent ou d’un voleur de grand chemin. D’un autre côté, les agents du gouvernement ne contribuaient pas peu, par leur conduite envers le peuple, à provoquer le déchaînement de la tempête. Leurs exactions inouïes avaient comblé la mesure, et un grand nombre de Chinois, poussés les uns par l’indignation, les autres par la misère et le désespoir, sont allés grossir les bataillons insurgés, croyant trouver là une chance d’amélioration, certains qu’ils étaient de ne pouvoir être pressurés davantage sous un nouveau gouvernement, quelque mauvais qu’il fût d’ailleurs.

Il ne serait pas impossible qu’une autre cause, peu apparente il est vrai, mais pleine d’énergie, eût eu aussi quelque influence sur l’explosion de l’insurrection chinoise : nous voulons parler de l’infiltration latente des idées européennes, vulgarisées dans les ports libres et sur la côte par le commerce des nations occidentales, et apportées au cœur même de l’empire et dans les provinces les plus reculées par les missionnaires. La foule, sans doute, se soucie fort peu de ce que peuvent faire ou penser les Européens, dont elle soupçonne à peine l’existence ; cependant les gens instruits,