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d’après certaines règles invariables, exécutant dans leurs salutations des manœuvres déterminées par la loi, et s’adressant solennellement des formules de courtoisie apprises, par avance, dans le rituel. Bien des gens vont même jusqu’à se figurer que les Chinois de la dernière classe, les porteurs de palanquins et les crocheteurs des grandes villes, sont toujours à se prosterner les uns-devant les autres, pour se demander dix mille pardons, après s’être assommés de coups ou accablés d’injures. Ces extravagances n’existent nulle part en Chine ; on les rencontre seulement dans les relations des Européens, qui se croient obligés, en parlant de ce pays peu connu, de raconter beaucoup de bizarreries et d’excentricités.

En écartant toute exagération, il est certain que, chez les Chinois, l’urbanité est un signe distinctif du caractère national. Le goût des convenances et de la politesse remonte parmi eux à la plus haute antiquité, et les philosophes anciens ne manquent jamais de recommander aux peuples la fidèle observance des préceptes établis pour les rapports sociaux. Confucius dit que les cérémonies sont le type des vertus, et sont destinées à les conserver, à les rappeler, quelquefois même à y suppléer. Ces principes étant les premières notions que les maîtres inculquent aux élèves dans les écoles, on ne doit pas être surpris de trouver, dans tous les rangs de la société, des manières qui se ressentent plus ou moins de cette politesse qui est la base de l’éducation chinoise. Les gens même de la campagne, les paysans, se traitent ordinairement entre eux avec des égards et des prévenances qu’on ne rencontre par toujours en Europe parmi les classes laborieuses.