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peut dire que l’administration de l’État reçoit toute influence réelle et directe de cette espèce d’oligarchie littéraire. L’empereur ne peut choisir ses agents civils que parmi les lettrés, et en se conformant aux classifications établies par les concours. Tout Chinois est apte à se présenter pour l’examen du troisième grade littéraire ; ceux qui l’obtiennent peuvent concourir pour le deuxième, qui ouvre l’entrée dans la carrière administrative. Enfin, pour arriver aux emplois supérieurs, il faut obtenir au premier concours le premier degré. Organiser le gouvernement d’un grand empire avec des gens de lettres, c’est, sans contredit, une magnifique chose ; on peut la proposer comme un sujet d’admiration, mais non pas, peut-être, comme un modèle à suivre dans tous les pays.

L’empereur est reconnu, par la loi, propriétaire de tout le sol de l’empire ; mais c’est une pure théorie, qui n’a pas empêché la propriété immobilière de se constituer aussi solidement qu’en Europe. Le gouvernement ne possède, en réalité, qu’un droit semblable à celui d’expropriation en cas de non-payement de l’impôt ou de confiscation pour punir les crimes d’État. Les villages, solidaires envers le fisc de l’acquittement des charges publiques, ont à leur tête une sorte de maire nommé sian-yo, choisi par la voie du suffrage universel. L’organisation de la commune n’a été, peut-être, nulle part aussi parfaite qu’en Chine. Ces chefs sont élus librement par leurs concitoyens, sans que les mandarins présentent de candidats ou cherchent à influencer les votes. Tout le monde est électeur et éligible ; mais ordinairement on choisit un homme avancé en âge, et qui,