sirée de la liberté religieuse, et, par conséquent, des progrès rapides du christianisme, et les bénédictions et les actions de grâces de l’Europe et de l’Asie étaient prodiguées à l’ambassade française. Pourtant ceux qui ont une connaissance pratique des Chinois et des mandarins pouvaient prévoir que, en réalité, les résultats seraient loin de répondre à de si magnifiques espérances. L’édit impérial fut promulgué et affiché dans les cinq ports ouverts au commerce européen. M. de Lagrenée demanda qu’il fût également publié dans l’intérieur de l’empire ; on le lui promit, mais on s’est bien gardé d’en rien faire.
Cependant, des copies de la requête du commissaire Ky-yn et de l’édit de l’empereur furent répandues en grand nombre dans toutes les chrétientés des provinces intérieures, et tous les néophytes purent lire les éloges que l’empereur faisait de la religion, et les défenses adressées aux mandarins de poursuivre désormais les chrétiens. Tout cela fut pris au sérieux ; les chrétiens se crurent libres et furent un instant convaincus que, si le gouvernement de Péking ne favorisait pas encore leurs croyances, du moins, il les tolérait franchement. Mais les persécutions locales, qui continuèrent partout, comme s’il n’y eût eu ni ambassade, ni requête, ni édit, les avertirent bientôt qu’ils marchaient toujours sur un terrain mouvant, et que cette liberté, qui leur arrivait, en contrebande, sur des feuilles de papier, n’était qu’une chimère. Ceux qu’on traîna devant les tribunaux, et qui eurent l’ingénuité de revendiquer la protection de l’édit impérial et de l’ambassade française, furent fustigés d’importance par les juges. — Toi,