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daient elles s’immiscer dans le gouvernement du Céleste Empire et dicter à l’empereur les mesures qu’il devait adopter pour la bonne administration de ses sujets ? Il est évident que, dans tout ceci, les négociations qui eurent lieu entre l’ambassadeur français et le commissaire impérial ne pouvaient être qu’officieuses et nullement officielles. M. de Lagrenée ne pouvait guère exiger, au nom du roi Louis-Philippe, que l’empereur Tao-kouang laissât ses sujets embrasser et professer librement la religion chrétienne. L’occasion pourtant était très-favorable. Les Chinois étaient encore sous l’impression terrible de la mitraille anglaise, et ils étaient parfaitement disposés à tout promettre aux Européens, sauf à ne rien tenir dans la suite. C’est, en effet, ce qui a eu lieu.

Après de longues et vives instances de la part de M. de Lagrenée, qui sont une preuve de sa bonne volonté en faveur des missions de Chine, le commissaire impérial, Ky-yn, adressa à son empereur la requête suivante :

« Ky-yn, grand commissaire impérial et vice-roi des deux provinces de Kouang-tong et de Kouang-si, présente respectueusement ce mémoire.

« Après un examen approfondi, j’ai reconnu que la religion du Maître du ciel[1] est celle que vénèrent et professent toutes les nations de l’Occident. Son but principal est d’exhorter au bien et de réprimer le mal. Anciennement, elle a pénétré, sous la dynastie des Ming, dans le royaume du Milieu[2], et, à cette épo-

  1. C’est ainsi qu’on désigne, en Chine, la religion chrétienne.
  2. Vers la fin du seizième siècle. Le christianisme avait déjà pénétré en Chine aux cinquième et sixième siècles, mais surtout pendant le