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très-bien fixé à Péking sur notre nationalité. Parce que nous savions lire et parler le chinois, le mantchou et le mongol, le Fils du Ciel inclinait à croire que nous n’étions pas Français, et il chargeait le vice-roi du Sse-tchouen de bien éclaircir cette difficulté. Notre sort dépendait donc des nouveaux renseignements qui allaient être envoyés à l’empereur, et l’opinion de ceux qui pensaient que nous serions forcés de faire le voyage de Péking n’était pas tout à fait dénuée de fondement. Pour nous, l’idée de nous acheminer vers la capitale de l’empire chinois n’avait rien qui pût nous donner la moindre répugnance. Nous étions tellement lancés, depuis deux ans, qu’un changement quelconque à notre itinéraire ne pouvait guère nous dérouter. Une circonstance particulière, une nouvelle que nous venions d’apprendre nous faisait même caresser avec un certain plaisir la pensée de voir la cour de Péking et de nous trouver face à face avec cet étonnant monarque, qui gouverne les dix mille royaumes et les quatre mers qui sont sous le ciel.

A notre retour du palais du premier commissaire provincial, pendant que nous traversions une place encombrée de curieux, on nous avait lancé très-adroitement dans le palanquin un petit paquet que nous cachâmes en toute hâte et avec le plus grand soin. Sur le soir, quand, n’ayant plus à craindre l’indiscrétion des visiteurs, nous pûmes nous trouver seuls dans notre chambre, la mystérieuse missive fut examinée avec empressement. C’était une longue lettre d’un prêtre chinois chargé de l’administration des chrétiens de Tching-tou-fou. Il nous donnait des nouvelles claires et précises sur l’ambassade de M. de Lagrenée. Nous reconnûmes tout