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Tsatsa-Minnka[1]


LA VENGEANCE DE SIMA


Au bout d’une semaine, eaux et humanité purent enfin souffler, également lasses de la bousculade subie et s’accommodant chacune de la place imprévue que le ciel leur avait temporairement imposée.

La place qu’occupaient les eaux était un cul-de-sac vaste de cent kilomètres carrés environ, c’est-à-dire tout le lit millénaire du Sereth, qui forme son embouchure. Mais, dans ce lit béant, encombrant, l’existence des eaux était précaire : trop d’obstacles humains et point de mouvement. Elles n’y pouvaient que croupir, à la longue, ce que les eaux n’aiment pas. Elles aiment la vivante glissade entre deux berges toujours nouvelles et sous des cieux toujours frais. Or, ici, elles se trouvaient dans une fosse pleine de maisons, d’écuries et de latrines, qui leur restaient dans la gorge.

Aussi, la mortelle tristesse aquatique les gagna, dès qu’elles ne se sentirent plus poussées en avant. Elles bâillaient au ciel et au soleil, avec une gueule large de cent kilomètres carrés. Elles ne pouvaient plus

  1. Voir Europe, Nos du 15 décembre 1930, 15 janvier et 15 février 1931.