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au-dessus de l’oreille. Elle ne fleurit que rarement, dans les jardins au mois de mai.

Quant aux « enfants de la forêt de maïs », ils ne pouvaient fleurir que ce mois-là, car ils avaient été tous conçus à l’époque des huttes, pendant que l’inondation battait son plein et que les couples amoureux se promenaient un peu trop, au clair de lune, sur le plateau couvert de haut maïs.

Maintenant, géraniums et bébés s’épanouissaient au soleil. Aux premiers, personne n’avait rien à reprocher. Au contraire, l’explosion précoce de leur rouge écarlate et de leur parfum plaisait à tout le monde, même aux gens qui ont toujours et contre tout quelque chose à redire. Hélas, c’était différent pour les bébés et surtout pour leurs jeunes mamans.

On prétendit qu’une « chose pareille » ne devait pas arriver. On le dit et on le répéta bien avant que la chose ne se produisît, puis, lorsqu’elle fut là, on le cria bien plus haut, comme si elle fût venue autrement que de coutume.

Mais, il faisait si beau ; l’alouette chantait si éperdument au-dessus des labours noirs comme le goudron ; et, au loin, le jonc des marais braquait vers le ciel une telle forêt de baïonnettes vert-foncé, qu’on finit par comprendre que cette malencontreuse floraison de bébés « coupables » devait tout de même être acceptée.

Heureusement, les mœurs roumaines facilitaient cette acceptation : on appela, d’une main, le pope ; de l’autre le père « éhonté » ; et, à genoux devant le pope, l’étole sur la tête, les couples amoureux du temps des huttes reçurent la bénédiction divine.

Aussi, ce mois de mai, y eut-il beaucoup de travail pour les popes, qui couraient de maison en maison, apporter aux parents la paix et à leurs enfants le droit de vivre.